L'anxiété de performance en contexte scolaire

Quel élève n’a pas déjà ressenti un certain stress avant un exposé oral ou une évaluation ? Cela est tout à fait normal. Le bon stress peut même être favorable. Toutefois, certains élèves sont si soucieux de réussir et d’obtenir des résultats élevés que cela leur cause un stress démesuré que l’on appelle « anxiété de performance ».

Bon stress vs mauvais stress

Le bon stress peut favoriser la performance, la mémoire et augmenter la vigilance et l’attention selon Sonia Lupien, professeur titulaire du Département de Psychiatrie de l’Université de Montréal. Cela reste dans la normalité tant que le stress prend fin lorsque les soucis se règlent. Toutefois, l’anxiété est problématique lorsqu’elle est persistante, qu’elle est plus forte que celle vécue par d’autres ou qu’elle est injustifiée. Ainsi, pour certains élèves, la réussite scolaire prend parfois une ampleur tellement démesurée qu’elle en devient anxiogène. Selon Béatrice Beaucage psychologue, « un niveau modéré d’anxiété peut mener à une performance optimale, tandis que la performance se détériore si ce niveau est trop bas ou trop élevé ».

Quelles sont les causes de l’anxiété de performance ?

Les professionnels s’entendent sur le fait que l’anxiété de performance est le résultat de plusieurs causes possibles. Elle prendrait naissance dès les années préscolaires et primaires. Ainsi, certains facteurs de risque augmentent la probabilité qu’un élève soit atteint d’anxiété de performance. Il faut aussi considérer les caractéristiques individuels, biologiques, familiaux mais aussi l’environnement scolaire. C’est lorsqu’un élève présente plusieurs facteurs de risque et qu’il n’a pas suffisamment de facteurs de protections que l’anxiété de performance a plus de chance de se développer (Dumas, 2007). Ainsi, selon Cocullo 2014, un élève aura plus de probabilité de développer ce problème si :

Facteurs individuels :

Au plan biologique :

• Prédispositions génétiques (père ou mère atteint d’un trouble anxieux) ;
• Développement prénatal et périnatal (niveau de stress élevé pour la mère durant la grossesse) ;
• Tempérament (inhibition comportementale).

Au plan socio-cognitif :

• Attachement ;
• Traits de personnalité (attachement de type insécurisant ambivalent) ;
• Faible sentiment d’auto-efficacité et perfectionnisme mésadapté ;
• Type de but scolaire.

Facteurs familiaux :

• Pratiques parentales (supervision et encadrement inadéquats) ;
• Présence d’un trouble anxieux dans la famille.

Facteurs environnementaux :

• Réseau social peu développé. 

Caractéristiques scolaires :

• Pression élevée des enseignants pour la réussite ainsi que des standards élevés ;
• Environnement scolaire et contexte d’évaluation stressants ;
• Environnement scolaire qui offre peu de soutien scolaire et affectif.

Conséquences

La principale conséquence de l’anxiété de performance est la moins grande performance scolaire. Aussi, les recherches ont démontré que les élèves atteint d’anxiété de performance avaient de moins grandes habiletés d’étude, qu’ils avaient de la difficulté à organiser leur temps et à organiser leurs notes de cours et à se préparer aux examens. En effet, cela a pour conséquence d’engendrer des difficultés au plan scolaire et peut parfois entraîner un décrochage (Van Amerigen, Mancini & Farvolden, 2003). Enfin, les manifestations physiologiques peuvent engendrer des problèmes dermatologiques ainsi que des difficultés reliées au sommeil (American Psychiatric Association, 2000).

Pistes de solutions :

• La première étape consiste à reconnaître que la situation est problématique;
• Avoir de saines habitudes de vie (faire de l’exercice, dormir suffisamment et manger sainement) ;
• Modifier ses attentes et ses exigences envers soi-même ;
• Revoir ses méthodes d’études ;
• Faire des exercices de relaxation et de respiration ;
• Optez pour le yoga et la méditation ;

Si vous souffrez d’anxiété de performance, il peut être pertinent de vérifier quel type de soutien est offert à l’école. Dans certaines écoles, le personnel enseignant a une formation sur le stress ou la façon d’intervenir dans le cas d’élèves souffrant d’anxiété de performance. Certaines écoles proposent des ateliers de yoga et de méditation.

Nous vous recommandons aussi de visiter le site du « Centre d’Études sur le Stress Humain ». Des programmes de formation sur le stress à l’intention des enfants et des adolescents sont disponibles.

Enfin, consulter un professionnel de la santé et des services sociaux peut s’avérer judicieux. Sonia Lupien précise que l’anxiété de performance est un des troubles les plus facile à soigner avec la thérapie cognitivo-comportementale. On propose alors à l’élève des exercices pour habituer le cerveau à penser différemment.

Références

American Psychiatrie Association (2004). Diagnostic and statistical manual of mental disorders: DSM-IV-TR (4e éd.). Washington, DC: American Psychiatrie Association.

Cocullo, Marie-Léa (2014). Performer ... sans anxiété Programme d'intervention pour réduire l'anxiété de performance en milieu scolaire. Rapport d'intervention présenté à la Faculté des arts et des sciences en vue de l'obtention du grade de maître ès sciences (M.Sc.) en psychoéducation (Psed.)

Dumas, J.E. (2007). Psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent (3e éd.). Buxelles, Belgique: De Boeck Université.

Réseau d'information pour la réussite éducative (2016) Comment briser le cercle vicieux de l'anxiété de performance.  Repéré à http://rire.ctreq.qc.ca/2016/06/anxiete-performance-2/

Mayer, M.J., Acker, R.V., Lochman, J.E., & Gresham, F.M. (2009). Cognitive-behavioral interventions for emotional and behavioral disorders: School-based practice. New-York, NY: The Guilford Press.

Van Amerigen, M., Mancini, C., & Farvolden, P. (2003). The impact of anxiety disorders on educational achievement. Journal of Anxiety Disorders, 17, 561-571.